FLEUR

fleur

La fleur du blé est toute petite et ne se distingue ni par des
couleurs éclatantes, ni par un parfum délicat. Mais quelle
que soit son apparence, que de choses se passent dans cet
organe minuscule et plus généralement, dans les fleurs de
toutes espèces! Des fleurs dépendent la reproduction d'un
grand nombre de végétaux, donc notre alimentation et notre
survie.

n. f. Structure des plantes angiospermes (appelées plantes à fleur)
permettant la reproduction .

La fleur est essentiellement constituée par un axe court portant des
feuilles modifiées.

Le terme " fleur ", autrefois utilisé pour désigner l'appareil
reproducteur de toutes les plantes à graines (les phanérogames),
c'est-à-dire l'ensemble des angiospermes et des gymnospermes, a
vu son sens se restreindre. L'appareil reproducteur des
gymnospermes est en effet très rudimentaire, alors que celui des
angiospermes a un aspect très caractéristique et une structure
beaucoup plus évoluée.

Les éléments constitutifs de la fleur

Une fleur complète est constituée d'un calice, d'une corolle, d'un
androcée et d'un gynécée. Ces parties peuvent être distribuées
tout autour de l'axe floral, selon une disposition dite verticillée (en
couronne), ou être réparties tout au long de ce dernier. Les divers
é léments de la fleur ne jouent pas un rôle d'une égale importance
dans la fonction de reproduction.

La plupart des fleurs sont reliées à la plante qui les porte, ou à une
partie de la plante, par une tige modifiée, plus ou moins longue, le
plus souvent de couleur verte, appelée pédoncule. Celui-ci
s'élargit dans son extrémité supérieure pour prendre l'aspect d'une
coupe ou d'un disque. Sur cette partie élargie, appelée réceptacle,
s' insèrent toutes les pièces florales. Chez certaines espèces de
plantes, le pédoncule manque. Les fleurs dites alors sessiles par
opposition aux fleurs pédonculées s'attachent directement sur la
plante par le réceptacle.

Calice et corolle

Le calice est l'enveloppe de la fleur située le plus à l'extérieur. Il
est composé de petites feuilles, généralement vertes, appelées
sépales. Si les sépales restent libres, séparés les uns des autres
jusqu'à leur base, le calice est dit dialysépale. Dans un calice
gamosépale, au contraire, ils se soudent en une coupe conique ou
globuleuse. Le calice évoque généralement par sa forme une
clochette renversée. Cette configuration est d'une grande efficacité
dans la fonction du calice, qui est de protéger les autres organes
floraux. Sa présence est un atout non négligeable pour la plante,
particulièrement lorsque la fleur est encore en bouton. Chez
certaines espèces, l'action protectrice du calice est encore
renforcée par la présence de petites feuilles disposées à sa base et
formant le calicule.

La corolle, entourée des sépales, constitue l'enveloppe intérieure
de la fleur. Formée de pétales diversement colorés, elle est
généralement la partie la plus voyante de la fleur. Par l'attraction
qu'elle exerce sur les insectes, elle facilite la pollinisation et donc la
fécondation.

L'ensemble calice-corolle constitue le périanthe. Pétales et sépales
ne sont parfois pas différenciables les uns des autres ; chez la
tulipe, par exemple, les sépales sont de la même couleur et de la
même taille que les pétales. On utilise alors le nom de tépales pour
désigner indifféremment les uns ou les autres, l'ensemble des
tépales étant appelé périgone. Le périanthe peut être incomplet,
voire absent, sans que la fleur soit pour autant frappée de stérilité.
En fonction de la présence ou de l'absence de la corolle et du
calice, on distingue trois grands groupes de fleurs. Les fleurs
complètes, parfois dites diplochlamydées, sont pourvues des deux
enveloppes. Chez les fleurs apochlamydées, le périanthe se
résume à la seule corolle, ou au seul calice. Les fleurs
achlamydées, ou nues, n'ont ni corolle, ni calice.

Forme et disposition des pétales

Comme les sépales, les pétales peuvent être libres ou soudés,
d'où la distinction de deux types de corolles, respectivement la
corolle dialypétale et la corolle gamopétale. La corolle est dite
régulière lorsque les pétales, tous de même taille et de même
forme, sont disposés de manière rayonnante (cas du rosier
sauvage, ou églantier). Chez d'autres espèces, comme l'aconit,
tous les pétales de la fleur n'ont pas la même forme ; la corolle,
irrégulière, est zygomorphe (elle présente une symétrie par rapport
à un plan). Diverses autres classifications plus fines peuvent être
opérées, selon les caractéristiques les plus marquantes de la
corolle.

Ainsi, parmi les corolles dialypétales régulières, le qualificatif de
rosacée est assigné à celle qui est composée de cinq pétales,
caractéristique des représentants de la famille des rosacée s
(églantier, pommier, pêcher, etc.), cependant que la corolle des
crucifères (navet, chou, radis) est composée de quatre pétales
disposés en croix. Parmi les corolles dialypétales irrégulières, celle
qui est caractéristique des papilionacées (haricot, pois, glycine) est
composée de cinq pétales qui, par leur disposition et leur
configuration, donnent à la fleur l'aspect d'un papillon. Elles ont en
effet un grand pétale supérieur (l'étendard), deux pétales latéraux
(les ailes) et deux pétales inférieurs , aux dimensions plus réduites,
réunis de telle façon qu'ils forment une carène. Les pétales de
corolles papilionacées, en dépit des variations qu'ils peuvent
présenter, comportent toujours une partie basale plus étroite -
l'onglet - et une partie supérieure plus large - le limbe. Chez
certaines espèces, l'onglet est doté d'un organe produisant un
liquide sucré (nectar) et, de ce fait, appelé nectaire.

Quant aux corolles gamopétales, elles comportent, pour la
plupart, trois parties. La partie basale, plus ou moins conique, est
appelée tube ; la partie intermédiaire est la gorge ; l'extrémité libre,
plus ou moins dilatée, plus ou moins lobée, dentée ou incisée, est
le limbe, ou pavillon. Les corolles gamopétales régulières
appartiennent à plusieurs types : campanulée, en forme de large
entonnoir, chez les convolvulacées, par exemple (volubilis et
autres liseron s), ou les tubuleuses (gentiane). Parmi les corolles
gamopétales irrégulières, il convient de citer différentes catégories.
La corolle propre à la famille des labiées (sauge, romarin, menthe
) comporte cinq lobes, regroupés de façon à former deux lèvres,
une supérieure et une inférieure. La corolle de la gueule-de-loup
est dite personée car elle a l'aspect d'une tête de personnage. La
corolle de la digitale est digitée (en forme de doigt). La corolle
ligulée, en forme de languette, est propre aux fleurs externes du
capitule des composées.

Les étamines

Elles sont en nombre variable et constituent l'appareil sexuel mâle
de la fleur, ou androcée. Elles sont échelonnées à différentes
hauteurs sur le réceptacle et parfois même directement insérées
sur la corolle. Chacune de ces étamines est typiquement formée
d'un axe grêle, de longueur variable, le filet, soutenant une anthère.
Celle-ci, tantôt globuleuse, tantôt allongée, est formée de deux
loges, dont les cavités, dites sacs polliniques, recèlent le pollen.
Cette substance pulvérulente de couleur jaune est constituée d'une
myriade de grains microscopiques indispensables à la fécondation,
puisque chacun d'entre eux renferme deux spermatozoïdes.

Le pistil, ou gynécée

C'est l'appareil sexuel femelle de la fleur, situé dans la partie la
plus interne de celle-ci. L'ovaire, le style et le stigmate en sont les
organes constitutifs. L'ovaire est constitué par la partie basale du
pistil, plus ou moins élargie. Il abrite les cellules reproductrices
femelles, ou ovules, fixées sur les placentas, qui sont diversement
disposés. Après fécondation, les ovules donneront les graine s,
tandis que l'ovaire se transformera en fruit. On distingue des
ovaires supères, qui sont fixés au-dessus des autres pièces
florales, des ovaires mi-supères, qui se trouvent au même niveau
que ces dernières, et des ovaires infères, situés en-dessous des
é tamines et de la corolle, et soudés au réceptacle. Sur le plan de
la structure, l'ovaire est un organe complexe, constitué par la
soudure d'une ou de plusieurs feuilles modifiées, ou carpelles.
Selon les cas, il présente donc une cavité unique ou est, au
contraire, divisé en plusieurs loges. L'ovaire est surmonté du style,
partie rétrécie, plus ou moins allongée, creusée d'un canal
permettant au tube pollinique (tube formé par le pollen lorsqu'il
germe) d' accéder à l'ovule. Le style se termine lui-même par le
stigmate, organe renflé et recouvert d'une substance visqueuse
destinée à retenir les grains de pollen qui, portés par le vent ou
véhiculés par les insectes, sont venus s'y coller.

La distribution de ces organes sexuels indispensables à la
reproduction n'est pas identique dans toutes les fleurs. Les fleurs
hermaphrodites, présentant des étamines et un pistil, ont à la fois
les caractères mâle et femelle. Les fleurs unisexuées ne possèdent
qu'un seul des appareils sexuels, l'androcée ou le gynécée. Les
fleurs stériles, dépourvues d'organes sexuels, servent uniquement à
attirer les insectes véhiculant le pollen vers les fleurs fertiles,
porteuses d'étamines et/ou de pistil.

Divers modes de distribution des fleurs
sur la plante

Monœcie et diécie

Les fleurs unisexuées peuvent se répartir de deux façons sur les
plantes d'une même espèce. Fleurs mâles et fleurs femelles
peuvent coexister sur le même individu ; l'espèce est alors qualifiée
de monoïque ; c'est en particulier le cas du noisetier, du chêne et
du hêtre. Fleurs mâles et fleurs femelles peuvent également se
former sur des pieds séparés, l' espèce étant alors dite dioïque ;
tel est le cas, par exemple, du peuplier et du chanvre.

Les inflorescences

Certaines espèces, comme la tulipe, n'ont qu'une seule fleur par
plante. Chez la plupart des espèces, toutefois, les fleurs sont en
plus grand nombre. Elles sont alors réparties sur les tiges soit de
façon aléatoire, soit selon une disposition bien spécifique. Elles
peuvent en particulier être rassemblées en inflorescences d'aspect
varié.

Selon le mode d'insertion de la fleur, on distingue deux types
d'inflorescences : l'inflorescence simple, dans laquelle la fleur se
fixe directement sur un axe (rachis), et l'inflorescence composée,
dans laquelle elle s'insère sur les rameaux secondaires de cet axe.
Les fleurs constituant un épi sont sessiles et directement fixées sur
l'axe (c'est le cas de la lavande et du plantain). Les chatons sont
des épis pendants, propres aux plantes dont le pollen est
transporté par le vent, tels le noyer et le bouleau. Les fleurs
groupées en une grappe, ou racème, sont fixées directement sur
l'axe par des pédoncules de longueur à peu près égale
(groseillier). Une panicule est une grappe composée ; les fleurs
sont insérées sur les ramifications nombreuses et plus ou moins
inégales de l'axe (vigne). Dans une ombelle, tous les pédoncules,
de longueur égale, sont insérés en un même point de l'axe, qui est
très court, de telle sorte que les corolles se trouvent dans un
même plan (carotte). Le corymbe (boule-de-neige, pommier) est
assez semblable à l'ombelle, dans le sens où toutes les fleurs se
trouvent aussi dans un même plan. Mais la structure est différente :
des pédoncules de longueurs très inégales sont insérés en
différents points de l'axe, et l'aspect est généralement plus
globuleux. Dans une cyme scorpioïde, les fleurs sont insérées
toujours du même côté de l'axe, qui s'enroule en spirale
(myosotis).

Enfin, il faut rappeler les inflorescences en capitule,
caractéristiques des composées, tels la marguerite et le bleuet,
mais aussi des dipsacées, comme la scabieuse. Souvent
considérés comme des fleurs simples, les capitules sont en réalité
des ensembles compacts de petites fleurs de différents types,
spécialisées dans leur forme et dans leur fonction. À l'extérieur du
capitule, se trouvent souvent des fleurs en forme de languette,
dont l'ensemble mime une corolle. À l' intérieur du capitule, des
fleurs en forme de tube, plus petites, jaunes ou brunes, forment un
disque. Fleurs internes et fleurs externes n'ont pas toujours la
même couleur.

Il convient encore de mentionner quelques structures
caractéristiques, comme le sycone, réceptacle charnu à l'intérieur
duquel se trouvent des fleurs généralement très petites, comme
chez le figuier.

Rappel succinct du mécanisme de la
fécondation

L'importance de la fleur réside dans le fait qu'elle est le siège de la
pollinisation et de la fécondation. En effet, pour que puisse
s'accomplir la fusion des éléments sexuels mâle et femelle, il est
nécessaire que le grain de pollen soit transporté sur le stigmate (
phénomène de pollinisation), qu'il germe et que les noyaux mâles
qu'il contient soient conduits à l' intérieur de l'ovaire, l'un d'eux
devant alors féconder la cellule reproductrice femelle.

Cette séquence apparaît des plus délicates. On pourrait croire que
l'hermaphrodisme des fleurs de certaines espèces est ici un atout,
le passage de l'étamine au pistil étant plus facile si les deux types
d'organes sont dans la même fleur. Or la nature, au contraire, ne
favorise que rarement ce type de pollinisation qui conduit à une
fécondation directe, ou autogamie. Soit les organes mâles
mûrissent après les éléments femelles, ou vice-versa, soit des
conditions anatomiques ou physiologiques particulières viennent
compliquer ou rendre impossible la fécondation directe. Très
commune et répandue est au contraire l'allogamie, ou fécondation
croisée, au cours de laquelle le pollen d'une fleur rejoint le pistil
d'une autre et y germe avec facilité.