POISSON

poisson

Les plus petits poissons, les gobies nains, font moins de 1
cm de long, les plus grands, les requins baleines, mesurent
jusqu'à 15 mètres. Parmi les 30 000 espèces de poissons
vivant actuellement, il y a ceux que préfèrent les
aquariophiles, ceux que l'on mange ou ceux qui sont
é tranges, comme les hippocampes, à tête de cheval, ou les
perches grimpeuses, qui peuvent se déplacer dans la boue
des marécages.

n. m. Vertébré aquatique pourvu de nageoires et de mâchoires et
respirant grâce à des branchies.

Cette définition exclut les agnathes, poissons sans mâchoires.

Les poissons actuels sont regroupés dans deux classes, celle des
chondrychtyens, ou poissons à squelette cartilagineux, qui
comprend en particulier les requins et les raies, et celles des
ostéichtyens, ou poissons à squelette ossifié, dont la majorité
appartient au groupe des téléostéens.

Caractéristiques morphologiques et
anatomiques

Les nageoires.

Les poissons se déplacent au moyen de nageoires, paires ou
impaires. Les nageoires paires (deux pectorales, et deux
pelviennes, ou ventrales), correspondent aux membres antérieurs
et postérieurs des vertébrés possédant quatre pattes et sont
portées respectivement par la ceinture osseuse pectorale (ou
scapulaire) et la ceinture pelvienne. Les nageoires impaires (une
ou plusieurs dorsales, une ou plusieurs anales et une caudale) sont
situées dans un plan vertical, sur la bordure dorsale et la bordure
ventrale du corps. Quelles qu'elles soient, les nageoires sont
soutenues par un squelette généralement visible extérieurement
chez les ostéichtyens, invisible chez les chondrichtyens. La
nageoire caudale, souvent appelée queue, est toujours unique. Elle
est généralement hétérocerque chez les chondrichtyens (requins),
les deux lobes étant extérieurement inégaux ; en effet, le lobe
dorsal est soutenu par le squelette axial, tandis que le lobe ventral
l'est par des rayons cornés. Chez la plupart des ostéichtyens la
nageoire caudale est homocerque, mais, si ses deux lobes (dorsal
et ventral) sont extérieurement égaux, on observe une dissymétrie
intérieure, le squelette axial se terminant dans le lobe dorsal. Chez
les dipneustes (un groupe de poissons osseux), la caudale est dite
diphycerque : elle ne présente qu'un seul lobe arrondi, à symétrie
interne parfaite. Enfin, la queue est géphyrocerque lorsque, la
nageoire caudale proprement dite ayant disparu, elle se trouve
remplacée par une suite de rayons dorsaux et anaux, comme c'est
le cas chez le poisson-lune. Chez toutes les formes primitives de
poissons osseux, comme les esturgeons, la nageoire caudale est
fortement hétérocerque. Toutes les nageoires, paires et impaires,
ont une fonction importante dans la stabilisation et la locomotion,
la caudale jouant en outre le rôle de gouvernail.

Les écailles.

Le corps des poissons est revêtu d'écailles protectrices. Elles ont
une structure qui rappelle celle d'une dent (ivoire recouvert
d'émail) et sont dites placoïdes chez les chondrichtyens, auxquels
elles confèrent leur rugosité. Minces, circulaires, se recouvrant
d'avant en arrière, elles sont de type élasmoïde chez les
téléostéens et présentent soit un bord postérieur lisse, pourvu
parfois de quelques crêtes chez les espèces les plus primitives
comme les saumons (type cycloïde), soit un bord postérieur
hérissé de petites épines en dents de peigne (type cténoïde) chez
les formes plus évoluées, comme les perches. La couleur que
revêt l'animal est due à des cellules pigmentaires
(chromatophores) plus ou moins concentrées.

La tête.

Elle porte des organes sensoriels externes : une paire d'yeux, des
narines, le plus souvent au nombre de deux de chaque côté, et
parfois des barbillons (qui servent d'organes tactiles et gustatifs).
La bouche peut être en position Terminale ; elle s'ouvre vers
l'avant, si les deux mâchoires sont symétriques, vers le haut ou
vers le bas, si l'une ou l'autre des mâchoires est proéminente.
Chez les requins, par exemple, elle est en position ventrale. Les
mâchoires sont en général pourvues de dents. Elles sont caduques
chez les chondrichtyens et sont disposées en plusieurs rangées,
dont seule la première est fonctionnelle, les autres dents étant des
dents de remplacement. Le brochet, célèbre pour sa voracité,
possède des dents pointues implantées sur les mâchoires, mais
aussi sur le plafond de la bouche et la surface de la langue.
D'autres poissons, au contraire, ont un nombre très réduit de
dents : les tétrodons (poissons tropicaux, appelés aussi
poissons-globes, car ils peuvent se gonfler comme de gros
ballons), par exemple, n'en ont que quatre, et celles-ci forment un
véritable bec apte à brouter les récifs coralliens. Chez les
cyprinidés (carpe, goujon, barbeau), les dents font défaut et sont
remplacées par des aspérités des os pharyngiens (appelées
parfois dents pharyngiennes).

Le squelette.

Comme chez les autres vertébrés, le corps des poissons est
soutenu par une colonne vertébrale, cartilagineuse
(chondrichtyens) ou osseuse (ostéichtyens), très souple. À ce
squelette axial s'attachent le crâne, les ceintures pectorale et
pelvienne, les muscles et les côtes. Sous la colonne vertébrale est
située une cavité qui renferme les organes vitaux : les appareils
digestifs, circulatoire, excréteur et génital.

L'appareil digestif.

Le tube digestif commence par la bouche, à laquelle fait suite le
pharynx, qui conduit à l' œsophage. Les aliments atteignent ensuite
l'estomac, où ils restent quelques instants avant de gagner l'intestin,
siège de la digestion. Les aliments non digérés progressent
jusqu'au rectum, puis sont évacués par l'anus. Les téléostéens sont
en outre pourvus, à la sortie de l'estomac, de cœcums pyloriques
(diverticules en cul de sac). Chez les requins, l'intestin moyen
présente une valvule spirale, repli interne de la paroi qui augmente
la surface de digestion et d'absorption. De nombreux téléostéens
sont pourvus d'une vessie natatoire ou vessie gazeuse. Cette sorte
de sac membraneux, situé dorsalement par rapport au tube
digestif, contient un mélange gazeux formé d'oxygène, d'azote et
de gaz carbonique. Elle communique avec l'œsophage chez
certaines espèces, comme les carpes. Sa paroi, musculeuse, est
é lastique et très vascularisée. La vessie gazeuse est un organe
hydrostatique grâce auquel le poisson peut changer de densité et
se maintenir à une profondeur déterminée.

L'appareil respiratoire.

Pour respirer, la très grande majorité des poissons possèdent des
branchies L'eau rentre par la bouche, puis passe à travers les
branchies. C'est là que l' oxygène qu'elle contient est absorbé et
passe dans les nombreux vaisseaux sanguins qui irriguent les
branchies. Chez les chondrichtyens, l'eau est rejetée, la bouche
é tant fermée, par les fentes branchiales. Chez les ostéichtyens, les
branchies sont logées dans des chambres branchiales (une de
chaque côté du corps), recouvertes par un opercule qui s'abaisse
et se soulève rythmiquement ; l'eau ressort par les ouïes,
c'est-à-dire les orifices formés lorsque les opercules se soulèvent.
Les branchies ont en outre un rôle important dans le maintien de la
pression osmotique (pression liée à la concentration en substances
dissoutes, dans le milieu liquide extérieur et dans le milieu liquide
interne). Les osteichtyens vivant dans les eaux pauvres en oxygène
ont subi des transformations et sont ainsi devenus capables
d'utiliser l'oxygène de l'air qu'ils viennent chercher en surface ;
certains peuvent même sortir de l'eau. Les dispositifs ainsi acquis
et qui coexistent avec les branchies sont, par exemple, la cavité
buccopharyngienne chez les périophtalmes (poissons du genre
Periophtlamus, qui vivent dans les marécages tropicaux), les
poumons chez les polyptères (poissons d'Afrique tropicale, du
genre Polypterus) : à ce titre, on peut encore citer la respiration
intestinale apparue chez la loche des étangs (Misgurnus fossilis),
qui absorbe l'air qu'elle a avalé.

L'appareil excréteur.

Il est constitué de deux reins, qui filtrent le sang, et de deux
conduits rénaux qui débouchent à l'extérieur par un orifice situé
près de l'anus. Dans le cas des chondrichtyens, ils s'ouvrent dans
le cloaque (chambre où aboutissent également le tube digestif et
l'appareil reproducteur).

Le système nerveux et les organes des sens.

Le système nerveux se compose de la moelle épinière, logée dans
la colonne vertébrale, des nerfs rachidiens, qui en partent, et de
l'encéphale, protégé par le crâne et caractérisé par le fort
développement des lobes optiques et olfactifs, ainsi que du
cervelet. Il n'y a ni oreille externe ni oreille moyenne, mais une
oreille interne dont le rôle est important dans l'équilibration. Les
poissons possèdent un organe sensoriel, appelé ligne latérale, qui
est constitué d'une rangée de récepteurs cutanés qui renseignent
l'animal sur la pression environnante.

L'appareil reproducteur.

Il se compose de deux glandes génitales (testicules chez le mâle,
ovaires chez la femelle) et de deux canaux qui débouchent à
l'extérieur par un pore génital. Chez les chondrichtyens mâles, on
note la présence, au niveau des nageoires pelviennes, de deux
appendices copulateurs soutenus par des pièces squelettiques.

Biologie

La reproduction.

Certaines espèces de chondrichtyens sont ovipares : leurs
embryons effectuent leur développement à l' intérieur des œufs,
dans le milieu extérieur. Leurs œufs sont nombreux, à
développement lent. L'embryon porte un gros sac vitellin
(réserves) bien vascularisé , relié à l'abdomen par un cordon
ombilical. Chez les autres espèces, le développement se déroule
dans les voies génitales de la mère ; l'embryon peut se nourrir
uniquement du vitellus (espèces ovovivipares) mais il existe parfois
de véritables échanges entre la mère et l'embryon (espèces
vivipares). Chez les chiens de mer (requins du genre Mustelus),
par exemple, il existe un " placenta vitellin ", qui assure les
é changes mère-embryons ; chez certaines raies, une sécrétion
muqueuse utérine, le " lait utérin ", est ingérée par l'embryon.

Les ostéichtyens sont pour la plupart ovipares, et la fécondation,
généralement externe, a lieu lors de la libération des ovocytes par
la femelle. Les œufs peuvent flotter ou couler. Ils peuvent être
incubés (dans la bouche pour certaines espèces de la famille des
cichlidés, dans une poche ventrale pour les hippocampes). Il
existe cependant quelques espèces vivipares (les gambusies, par
exemple, qui sont connues par ailleurs pour éliminer les larves de
moustiques) chez lesquelles la fécondation, naturellement interne,
s'effectue grâce à un organe copulateur résultant de la
transformation de la nageoire anale. L'alevin, à la naissance, est
parfois très différent de l'adulte. C'est le cas chez les poissons
plats de la famille des pleuronectidés (sole, plie, turbot), dont les
adultes sont aplatis latéralement et dissymétriques, les deux yeux
é tant portés sur la même face pigmentée (la face aveugle est
blanche), tandis que les larves sont symétriques et subissent une
métamorphose qui voit la migration de l'un des deux yeux.

Au moment de la reproduction, appelée le frai, peut apparaître un
dimorphisme sexuel particulier, qui se manifeste par le revêtement
de livrées nuptiales spécialement brillantes chez les mâles, ainsi
que des comportements complexes. Les mâles deviennent
agressifs entre eux, ils construisent parfois des nids qu'ils
défendent et ventilent (épinoche) à moins que les œufs ne soient
introduits dans un abri, la coquille d'un mollusque bivalve par
exemple, dans le cas de la bouvière (espèce Rhodeus sericeus,
qui vit dans les eaux douces européennes).

Influence de la température.

Les poissons sont poïkilothermes, c'est-à-dire que leur
température interne varie avec celle de l'eau ; elle est en général
supérieure de 1 oC à celle de l'eau, mais la différence peut
atteindre 3 oC chez les thons. Les poissons supportent avec
difficulté les variations thermiques trop brutales et trop fortes : de
nombreuses espèces des mers tempérées passent l'hiver dans un
é tat de torpeur, avec arrêt de croissance ; certaines tombent
même en léthargie.

Vie en groupe.

Bon nombre de poissons sont solitaires toute leur vie, exception
faite des périodes où ils se réunissent pour le frai. C'est le cas du
brochet, prédateur notoire. Les poissons qui vivent en grands
groupes, appelés bancs, sont généralement petits, et leur régime
est herbivore ou omnivore.

Migrations.

Certains poissons peuvent effectuer des déplacements plus ou
moins longs pour regagner leurs frayères (lieux de reproduction).
Si, pour cela, ils demeurent dans le même milieu, on les appelle
migrateurs holobiotiques. En milieu marin, c'est le cas du hareng,
de la sardine et de la morue, en eau douce, celui de certaines
truites. Si, au contraire, le déplacement les amène à changer de
milieu, les poissons sont dits migrateurs amphibiotiques. Ainsi, un
poisson qui vit en eau douce peut aller pondre en mer : c'est le cas
de l'anguille, appelée pour cette raison migrateur thalassotoque. À
l'inverse, un poisson marin peut aller déposer ses œufs en eau
douce comme le font les saumons et les esturgeons, que l'on dit
potamotoques. Mais les migrations peuvent être indépendantes de
la reproduction : muges et mulets (poissons de la famille des
mugilidés, dont certaines espèces vivent en Europe) passent de
l'eau de mer à l'eau saumâtre et à l'eau douce, et inversement,
mais la reproduction a toujours lieu en milieu marin. Alors que
pour la plupart des poissons le passage de l'eau de mer à l'eau
douce, et vice versa, serait fatal, ces migrateurs amphibiotiques
sont dotés de mécanismes régulateurs de la pression osmotique
mettant en jeu les branchies, les reins et la peau, qui leur
permettent de supporter sans difficulté apparente ces changements
de milieu.

Utilisation des poissons par l'homme

Depuis les temps les plus reculés, les poissons, petits ou gros,
servent de nourriture à l'homme, qui les consomme crus, cuits,
séchés, fumés, salés, congelés ou en conserve. Mais les poissons,
dont la chair est constituée de muscles (50 %) riches en éléments
nutritifs (protéines, vitamines), sont également pêchés en vue de la
fabrication d'huiles, de farine et d'engrais. Associés à des hydrates
de carbone, ces farines constituent un aliment pour la volaille, les
porcs et les bovins. La peau des poissons sert à fabriquer de la
colle. De la vessie natatoire des esturgeons et des carpes, on tire
un produit utilisé pour clarifier la bière. Les écailles de l'ablette
donnent un pigment irisé qui a été utilisé dans la fabrication des
perles artificielles ; les dents de requin peuvent être montées pour
faire des bijoux.